Tout d'abord, ce sont deux pratiques qui sont basées sur "l'instant", un instant très bref et capital : l'instant de l'impact du club sur la balle, l'instant de la touche de l'adversaire par le shinaï. Irréversible. Vie ou mort, pour le samouraï, gain ou perte pour le kendoka moderne ou le compétiteur de golf. La technique doit être parfaite, l'engagement total, juste pour que cet "instant", qui dans les deux cas ne dure que quelques millisecondes.
Un mauvais positionnement, une contraction ou raideur dans le mouvement, un timing inadéquat, une crispation des mains, un mental perturbé par l'angoisse, l'hésitation, le manque de confiance, et la balle va dans la mauvaise direction avec la mauvaise distance, ou le shinaï va rencontrer le vide, ou être dévié ou porter une coupe faible qui ne marquera pas le point.
Les similitudes se remarquent au niveau de la technique physique et de l'attitude mentale.
En ce qui concerne la technique, dans les deux cas, il faut accorder une attention particulière à la position de base, le stance chez les golfeurs, le kamae (généralement chudan no kamae) chez le kendoka : stabilité et équilibre sur les deux pieds, souplesse des genoux, relâchement du corps, surtout les épaules, prise de conscience de son centre de gravité (le tanden).
Ensuite, la saisie du club et du shinaï est très similaire : le "grip" du golfeur se fait avec les derniers doigts de la main gauche, la main droite venant recouvrir celle-ci, la prise est très légère. Même si la position des mains est différente, le shinaï demande le même genre de prise, non contractée, légère, la main gauche étant la main prépondérante.
Le mouvement, le swing en golf, la coupe (kiri) en kendo se fait dans les deux cas avec la participation de l'ensemble du corps, centré sur les hanches et le bassin, centre de gravité primordial pour la mobilisation de l'énergie maximale de l'arme (le club en golf, le shinaï en kendo, ou le katana/iaïto en iaïdo). La notion de relâchement et de ki-ken-taï est valable tant au golf qu'au kendo.
Au niveau mental, le golf demande la même plénitude d'esprit que le kendo, notamment ne pas encombrer celui-ci avec des questions liées à la peur, l'angoisse, le souci de réussir, ou l'environnement extérieur. C'est l'état "mushin" des arts martiaux.
En conclusion, il apparait que la comparaison golf-kendo montre que les fondamentaux sont très similaires, et l'on doit pouvoir extrapoler à d'autres sports ou disciplines occidentales, mais ce que les enseignants, moniteurs et professeurs occidentaux enseignent de manière générale, relâchement, engagement, appuis, concentration, motivation, etc...les japonais l'ont codifié de manière très précise avec les notions de ki, de mushin, de hara, de tanden, de ki-ken-taï,...
En somme, un bien petit monde !
Marcel